Si “écrire sur la musique est comme danser sur l’architecture”… alors, qu’écrire sur les images?

Entre interdit de l’immodestie et difficulté à parler de soi, en particulier quand justement on tente de s’exprimer à travers autre chose, c’est une vraie gageure pour moi que tenter de parler de ce que fais ici.

Et il le faut pourtant, puisqu’il semble y avoir de nos jours et dans toute expression, une injonction à avoir une démarche, et de l’expliquer, aussi longuement que nécessaire. L’exercice ne semble pas pouvoir être optionnel.

Dans la photo de rue il y a quelque chose que je ressens comme une invasion personnelle, moins “prise de vue” que “prise de vie”, et j’y suis mal à l’aise – comme proie ou prédateur, d’ailleurs.

C’est ce qui a fait que pendant longtemps je me suis limité à photographier l’architecture, en évitant soigneusement d’inclure dans le champ toute présence humaine.

Les humains ont cependant une tendance marquée à être partout, tout le temps, et c’était parfois difficile de ne pas les voir apparaître. Difficile, mais en fait vraiment intéressant: la surprise venant que certaines images étaient bien plus belles quand quelqu’un s’y glissait. Je me suis donc résolu à laisser apparaître les gens qui ne manifestaient pas de réticence à apparaître – si je ressentais la moindre hésitation dans le regard, dans le pas, je baissais mon objectif.

Avec le temps, j’ai commencé à inclure des gens qui ne savaient pas qu’ils étaient photographiés, mais : qui ne seraient pas reconnaissables, parce que de dos par exemple, et donc le visage caché. J’avais l’impression de moins leur prendre. Des sujets, plutôt que des personnages.

C’est ainsi que j’ai développé mon regard, voyeur respectueux, en espérant saisir quelque chose de personnes qui à priori ne communiquaient pas avec moi. Ce sont les résultats de ces tentatives que je vous propose de découvrir ici, et peut-être y verrez-vous ce que j’ai cru y voir moi-même.

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