Les chiffres du gaspillage alimentaire impressionnent : quand un tiers de la nourriture produite finit à la poubelle, il devient impossible d’ignorer le phénomène. Des initiatives viennent en tempérer l’absurdité – le recyclage et le compostage, la distribution à des associations d’aide aux démunis toujours plus nombreux, etc. – mais elles n’opèrent qu’à la marge.
Il m’a semblé intéressant de me tourner vers une des sources identifiables de ce gaspillage : la surabondance des pseudos-choix pour un même genre de produits.
Les images de cette série sont réalisées à partir d’un ensemble de prises de vue de quelques rayons sélectionnés dans un hypermarché. Ce choix a été dicté par la recherche d’un impact visuel plus marqué, il serait naïf de croire que l’illusion du choix serait moins présente dans des surfaces commerciales plus modestes : elle y occupe simplement moins d’espace. Le panorama obtenu est ensuite « compressé » en un format 3:2 « classique », pour donner une forme d’abstraction du rayon portraituré.
Au total, 2140,7 mètres linéaires de rayons comportant 7204 références différentes pour 13 types de produits : plutôt que de donner les produits concernés, j’ai pensé que ces chiffres pourraient mieux exprimer la sidération produite par l’excès.
J’espère ainsi produire un effet d’irréel, qui puisse transmettre celui que j’ai ressenti au fur et à mesure de la réalisation de la série. J’étais périphériquement conscient de la surabondance du pseudo-choix, mais je n’imaginais pas ses dimensions réelles.
