Burano, l’ancienne « île de la dentelle », n’est plus guère connue que pour ses maisons peintes de couleurs vives, qui attirent les visiteurs par vaporetti entiers ; après les premières visites de cette île-palette, je me suis trouvé plus poussé à la visite par l’existence de la Pasticceria Garbo : à chaque voyage j’y fais provision de sa spécialité, des biscuits appelés essi buranesi.
En balade après un ravitaillement, je remarquai devant un maison rouge un balai, un seau et une serpillère : un balai rouge. Et sa voisine bleue était parée d’un balai tout aussi bleu.
En poursuivant la promenade, il devint évident que ces associations se retrouvaient partout : les Buranais étaient joueurs. Par la suite, à chaque visite, je me suis retrouvé à parcourir chaque ruelle, chaque placette, à la recherche de ces couples bigarrés.
Au fur et à mesure des découvertes, je réalisais que chaque balai possédait une vraie « tronche », bien à lui. Dégarni, fier, bancal, effacé — je me surpris à leur trouver de vraies personnalités.
Les personnalités, par tradition, on en tire le portrait ; cette galerie est le résultat des séances de pose de mes étranges sujets.
Et si, qui sait, vous vous trouvez sur l’île — Garbo se trouve Fondamenta degli Assassini, au 335.